Les reproches. Berk! Je connais peu de gens qui les aiment ou les acceptent. Est-ce que vous vous aimez les reproches? Moi non! C’est toujours un bien amer plat à digérer.

Par contre il n’y a aucun doute que les reproches et les commentaires critiques peuvent aussi nous aider à nous développer. Les commentaires bien intentionnés et réfléchis nous aident à déployer nos horizons et à éviter les œillères.

À moins de vivre comme un ermite, il est pratiquement impossible d’éviter les commentaires critiques et les reproches. Qu’on le veuille ou non, ces derniers font partie de l’expérience humaine. L’existence nous en offre une dose quotidienne et inévitable.

Par contre, de nombreuses écoles de pensée envisagent les reproches comme offrant un potentiel considérable d’apprentissage.

S’aigrir ou grandir?

Comment peut-on apprendre à accepter les reproches? Et quel rôle la technique de pleine conscience joue-t-elle dans ce processus?

Robin Sharma, auteur et conseillère en leadership, a dans le passé déclaré : « Les reproches peuvent nous aigrir ou nous faire grandir. »

Dans cet article, nous explorerons les différentes opportunités qu’offrent les reproches de nous faire grandir. Je trouve personnellement que la pleine conscience est une approche très efficace qui m’aide à accepter les reproches avec curiosité. à

Cette approche me permet de dépasser le réflexe quelque peu reptilien – et très prévisible – connu sous le nom de combat-fuite que déclenchent les reproches.

Il n’y a aucun doute en effet que le fait d’entrevoir une autre image de moi dans les remarques d’autrui a agi, dans mon cas, comme un très puissant catalyseur de croissance.

Je suis ainsi à même d’identifier et de comprendre des éléments de ma personnalité auxquels je resterais entièrement indiffèrent sans cette interaction.

Au fil des dernières années, on a vu apparaitre chez les experts en gestion et au sein des écoles de leadership les plus cotées, d’importants débats et des articles de recherche sur la meilleure façon de fournir et de recevoir des commentaires critiques.

Consciencieusement mis à profit, ils mènent à la croissance et au développement personnel. Par contre s’ils ne sont pas tissés de sensibilité et contrebalancés par un soutien empathique, ils peuvent avoir l’effet inverse.

pleine conscience travail

Quelle réaction les reproches déclenchent-ils?

Laissez-moi vous poser quelques questions simples mais personnelles. Avez-vous déjà pris conscience du mécanisme qui se déclenche lorsque vous recevez des reproches? C’est vraiment fascinant. Et la science est parvenue à en fournir une explication.

Il peut être surprenant d’apprendre que les raisons qui déclenchent une résistance aux reproches sont fondées. En fait, dès que le commentaire critique est émis, notre profil biologique nous prédispose à fermer les écoutilles.

Notre cerveau est programmé pour nous protéger de tout reproche car il réagit à des craintes antiques relatives à la survie, comme la peur d’être mise à l’écart par la tribu.

Donc, ne perdez pas courage: ce sont peut-être les fonctions chimiques du cerveau, plus que la simple arrogance, qui vous poussent à exploser au lieu de rester calme et d’écouter les reproches qui vous sont faits.

Ceci correspond vraiment à mon expérience personnelle. J’ai réalisé que face à des commentaires négatifs, mes propres perceptions se troublent. Je deviens susceptible et ma vision du monde et de mes compétences devient étroite.

Je doute de moi-même. J’ai l’impression d’être un nul et de le voir dans le regard de chacun. Cela n’a rien d’agréable. Il est même possible qu’à l’occasion vous ressentiez de la colère, du ressentiment, ou même de l’indignation.

Il est donc clair que les reproches ont la capacité de déclencher de puissantes émotions au sein de chacun d’entre nous, et ceci quelle que soient les motifs réels de la personne qui les exprime. Est-ce les gens qui expriment des critiques ont toujours votre bien en tête?

Ce n’est sans doute pas le cas, mais gardons l’esprit ouvert pour le moment. La vérité est que la plupart d’entre nous ne sommes pas suffisamment objectifs quant à l’intention des gens qui nous critiquent lorsque nous entendons leurs commentaires.

Comment la technique de pleine conscience peut-elle parvenir à vous faire accepter les reproches?

D’abord, examinons minutieusement ce que nous dit la science. Ruby Wax, auteur et championne de la technique connue sous le nom de pleine conscience, écrit dans son livre à grand succès Sane New World, « La pleine conscience démarre la partie du système nerveux qui contrôle le mode ‘repos et digestion’;

Cette technique augmente la circulation sanguine aux parties du cerveau qui gèrent nos émotions, comme l’hippocampe, le cortex cingulaire antérieur, et les sections latérales du cortex préfrontal. Notre rythme cardiaque ralentit, notre respiration se calme, et notre pression artérielle baisse. »

La neurologie nous révèle que la méditation et la pleine conscience peuvent parvenir à faire croitre la matière grise à divers endroits du cerveau. Il existe deux sections du cerveau qui bénéficient singulièrement de l’usage de la méditation et de la pleine conscience : le cortex cingulaire antérieur (CCA) et l’hippocampe.

Le CCA a un rôle d’autorégulation. L’hippocampe est associé aux émotions, à l’image de soi, l’introspection et la compassion.

Il s’avère que la pleine conscience a la capacité de développer et de déclencher les parties du cerveau qui vous aident non seulement à ne pas réagir, ne pas répondre avec passion ou à ne pas passer à la défensive lorsque les reproches pleuvent, mais vous apprennent aussi à examiner les faits et en tirer des leçons.

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5 façons d’utiliser la pleine conscience pour apprendre à accepter les reproches

  1. Arrêtez et respirez

Lorsque vous prenez une bonne respiration, vous reconnectez avec votre corps. Vous reprenez instantanément racines dans le moment, et reprenez également racines sur terre.

Lorsque vous recevez des reproches, ceci peut déclencher la production de cortisol, l’hormone du stress, et celle-ci réduit votre perspective sur le monde et vous soumet à un réflexe combat ou fuite. Cela vous rend aveugle.

Soudain la personne qui vous parle devient un danger mortel qu’il faut anéantir ou fuir.

Comme on le dit souvent, respirer un peu peut changer bien des choses.

  1. Ralentissez

Trop souvent nous nous recroquevillons, nous devenons défensifs et nous résistons face aux reproches. Par contre la pleine conscience peut nous aider à développer et fortifier les parties du cerveau qui nous permettent de prendre une pause, de ralentir, d’absorber et de respirer.

Il est vraiment tout à fait surprenant de réaliser la puissance que peut avoir le simple fait de ralentir. Ralentir vous aidera en particulier à éviter de dire ou de faire des choses que vous regretterez immédiatement.

Et maintenant que vous êtes en mesure de mettre en veilleuse votre désir de défenestrer la personne vous faisant des reproches, tout un éventail de nouvelles possibilités s’ouvre à vous.

  1. Écoutez

Tout d’abord vous pourrez maintenant ralentir et tout simplement, dans un premier temps, répéter les commentaires en question à leur auteur. Un tout petit geste de pleine conscience, tel que celui-là, peut donner naissance à des merveilles.

Ceci vous permet de rependre charge de vos capacités rationnelles. Il vous est dorénavant possible de vous adresser aux faits qui vous sont présentés au lieu de laisser libre cours à votre réaction primitive.

Souvent il nous est impossible d’entendre le contenu de ce que la personne nous dit, car nous sommes déjà au centre d’une vision étroite qui nous place dans un réflexe combat ou fuite.

Par contre si vous parvenez à prendre une pause, à attendre, et à écouter, les résultats seront surprenants. Vous pourrez soudain entendre ce que votre interlocuteur vous dit.

4 .Observez scrupuleusement votre réponse

La pleine conscience est une approche qui consiste à être présent dans le choix qui vous pousse à éventuellement réagir avec rage ou non. Si vous développez un intérêt profond dans votre réaction émotive, il vous sera d’emblée possible de dominer celle-ci.

Selon Ruby Wax, « les chercheurs de UCLA ont découvert que lorsque les gens prennent conscience de leur ‘colère’ et la qualifie de ‘colère’, l’amygdale, la partie du cerveau qui génère les émotions négatives, se calme. »

Lorsque vous êtes en mesure de voir vos réactions pour ce qu’elles sont, vous commencez instantanément à les dépasser. Ce processus parvient à vous rappeler que vous êtes plus que votre simple émotion.

Dès lors vous devenez à même d’aller au-delà de tout ceci, de vous concentrer sur vos fonctions cognitives les plus sophistiquées, et de les déclencher.

  1. Considérez les détails

Avoir pleine conscience de toutes vos réactions, de votre respiration, de votre pause réfléchie, de votre écoute … tout ceci vous arme et vous prépare à vous adresser aux faits.

Vous cherchez durant ce processus des bases solides afin de bien vous centrer avant de vraiment décortiquer les commentaires critiques et d’en examiner la justesse. La pleine conscience vous guidera à travers ce processus.

Dès que vous démarrez cette démarche, vous gérer votre énergie et votre attention de façon plus juste et éliminer le stress de vos réponses spontanées. Vous serez maintenant en mesure de considérer à part entière la personne qui vous parle et sa position.

Il vous deviendra clair dès lors que celle-ci a peut-être en fait votre bien en tête. Et puis les reproches sont peut-être effectivement fondés!

meditation

Comment développer votre aptitude à pratiquer la pleine conscience?

Suivre 5 étapes de pleine conscience ne représente pas une tâche facile. J’en réalise parfaitement les défis. Rompre le cycle de réactions vives et répétées que nous éprouvons lorsque nous nous sentons menacés requiert des efforts et beaucoup d’entrainement.

Voici toutefois une précieuse petite astuce. Une des façons efficaces de développer votre capacité de pratiquer la pleine conscience est de commencer par la méditation.

La méditation et la pleine conscience sont en fait deux choses très similaires. Lorsque vous méditez, vous vous stabilisez en prenant appui sur votre calme intérieur. Une session quotidienne de méditation peut vous aider à rester centré sur ce calme intérieur lorsque les émotions tentent de prendre le dessus.

Pour moi, la méditation est une façon de recharger mes batteries qui pourront ensuite générer mon acte de pleine conscience. Consultez ici nos séries qui vous aideront à découvrir comment faire de la méditation une habitude quotidienne.

La technique de pleine conscience au travail et à la maison

Dans un contexte professionnel, il peut être extrêmement important de parvenir à adopter cette technique de pleine conscience. Il vous faut accepter les reproches et y réagir positivement, si vous désirez vous développer et établir des relations de confiance avec vos collègues.

Votre capacité à recevoir des reproches, en tant que leader, peut avoir un impact sur toute la culture de votre organisme. Allez-vous aigrir ou grandir? La réponse sera déterminante quant à l’avenir de votre entreprise.

J’ai dans le passé travailler dans un organisme qui se caractérisait par un climat de peur. Une des causes de ce syndrome était que notre gestionnaire était incapable de recevoir des reproches sans imposer de rétributions. Le coût en fut considérable. L’organisme en finit un jour par s’écrouler.

Il est incontestable que le fait de solliciter les critiques est un élément crucial quant au ton et au tempo de la culture institutionnelle que vous développez. Cet acte en effet démontre une certaine humilité et donne à chacun la permission d’être faillible et humain.

Et ceci sera clef dans la survie de votre mission, que votre organisme soit de nature religieuse, sans but lucratif, une entreprise de marché, un groupe de rock, ou tout autre structure de groupe.

Ces techniques de pleine conscience sont tout aussi utiles à la maison. Je suis sûr que vous vous en êtes rendu compte. Les occasions où j’ai réussi à ne pas dire des âneries en prenant le temps de respirer face à un reproche sont innombrables.

La pleine conscience et la capacité de recevoir des reproches avec grâce sont sans aucun doute les habiletés interpersonnelles les plus cruciales que vous puissiez posséder. Le simple fait de pratiquer ces cinq étapes de l’approche pleine conscience vous amènera à jouir de plus de confiance, plus d’intimité et d’un potentiel de croissance avec votre partenaire.

Je n’aime pas toujours ce que l’on me dit mais 90% du temps, les faits finissent par me dire que l’autre personne avait raison. Dur de nier l’évidence.

Alors qu’on le veuille ou non, les reproches font partie de la vie. La prochaine fois qu’on vous en fait, concentrez-vous sur ces cinq étapes de pleine conscience. Vous serez peut-être surpris de réaliser que lorsque vous vous recentrez, ralentissez et prenez le temps de respirer avant d’y faire face, le résultat n’est pas du tout ce que vous pensez. Non, vous n’allez pas en mourir. Au contraire vous allez sans doute en fait en tirer profit.

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6 Commentaires

  1. Super article !
    Effectivement, face à un reproche, on a le réflexe de combattre ou de fuir. Comme tu le dis, on est programmé pour ça.
    Mais il y a aussi la possibilité de ne rien faire, de rester figé… de se prendre en pleine figure ce qu’on nous dit. C’est la pire attitude car c’est de là que vient le stress. Notre corps et notre esprit ne réagissant pas, ne trouvant pas de solution à l’agression, se fige, encaisse et ne ressort pas les émotions qui finissent à la longue par nous détruire.
    C’est un peu comme la biche prise dans les phares d’une voiture. Elle a la possibilité de fuir, de combattre la voiture (bon courage à elle) ou de ne pas bouger et d’être percutée.
    Et c’est ce stress qui crée les tensions au niveau du dos par exemple, qui deviennent des douleurs si en plus, on travaille crispé derrière son ordinateur toute la journée…
    Quant à moi, je vais me concentrer sur les points n°4 et 5 de ton article 😉

    1. Merci pour votre commentaire Sylvain,

      Bien d’accord avec vous, le dos est vraiment un bon indicateur de notre stress 😉

      1. merci Nathalie pour l’article.
        on rencontre tous des moments de stress au travail, très difficile a digérer surtout quand nous ne somme pas les seul responsables ou quand on travail avec un manager insupportable, je pense que quand le stress arrive au point d’avoir le mal au dos je pense qu’il vaut mieux quitter son poste.

  2. Merci pour ces conseils pertinents et judicieux !
    Pour ma part ça fait un moment que j’ai appris à accepter les reproches et critiques de mes collègues ou supérieurs, à condition toutefois qu’ils soient pertinents et constructifs.
    Lorsqu’ils le sont, ils m’aident à progresser.
    ils ne sont d’aucune aide pour moi lorsqu’ils émanent de personnes qui soit
    – critiquent pour le plaisir de critiquer (ou dénigrer, ou médire, ou humilier…)
    – ne s’adressent à moi uniquement pour émettre des critiques ou reproches ou encore transmettre des instructions, et ne me parlent pas sinon (mais parlent à d’autres collègues juste à coté, plaisantent, rigolent, leurs font des compliments ou leurs disent des choses gentilles, etc).
    Dans ce cas leur attitude m’exclut, me met à l’écart. Même s’il arrive que le contenu de leur critique ou reproche est en lui même acceptable, j’ai du mal à l’accepter venant d’eux et dans ce contexte partial. Que je sois là ou non c’est pareil, car ce que j’entends n’est que le haut de l’iceberg, le principal ce passe derrière mon dos.
    J’ai certainement un travail à faire sur moi pour accepter cette attitude méprisante et ne pas me laisser glisser vers l’amertume et le ressentiment (en fait j’y suis déja).
    Ce stress relationnel s’ajoute au stress venant des condition de travail, qui s’accumule au fil des ans en s’aggravant : pressions diverses liés à la nature de notre travail mais aussi à l’indifférence chronique de notre hierarchie face à ces problèmes, leur réponse est toujours « on n’y peut rien » alors que c’est juste un déni et un manque de volonté de leur part. Dysfonctionnement récurrents et de plus en plus frequents de nos applications informatiques, ainsi que d’autres empèchements absurdes, comme si on voulait nous empecher d’etre efficaces dans nos taches, pourtant quend les indicateurs sont insatisfaisant ou que nous prenons du retard (individuellement ou tout le service) on ne manque de nous le reprocher. La pression des appels telephoniques auquels il faut décrocher et répondre immédiatement (donc etre sans cesse dérangé dans nos taches ce qui nuit à la concentration et provoque erreurs et oublis). Et des petites choses en apparence moins importantes mais qui s’ajoutent à tout le reste pour faire déborder le vase, en tout cas pour moi, car pour les collègues beaucoup sont dans le déni total (ils ne veulent pas voir les problèmes donc il n’y en a pas, et ils répètent que dans le privé c’est pire). Pas question de quitter et perdre ma future retraite, mieux vaut une retraite maigre que rien du tout.

  3. Bonjour,
    Article très intéressant où il manque selon moi une clé : les comportements de certains qui nous vexent révèlent nos propres comportements à corriger vis a vis d’autres personnes ou des mêmes personnes.
    Voyons les autres comme le miroir de nous mêmes.

    Lorsque nous cherchons en nous le comportement qui a attiré le reproche (nous reprochons ou critiquons des choses à d’autres, conjoint, parents, enfants, collègues, etc…), nous intégrons 2 choses : l’acceptation du reproche ( car c’est nous qui avons reproché ou critiqué en premier meme si ce n’est pas vis à vis de la meme personne) parce que c’est une chose que nous faisons inconsciemment, donc accepter que peut etre les autres le font aussi inconsciemment et deuxiemement comment y faire face : en acceptant (de ne pas être parfait), en s’excusant et en demandant à son âme pourquoi, qu’ai-je fait pour m’attirer cela. Très vite la réponse surgit.
    Si l’on vous offense c’est que vous avez offensé. Accepter sa responsabilité est une clé importante pour s’améliorer et sortir des attitudes réflexes. C’est devenir conscient des causes de nos « malheurs ».

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